EDITORIAL: L’ÉTAT DE DROIT EN QUESTION
- Jean-Louis ESAMBO KANGASHE
- Professeur Ordinaire
- Doyen de la Faculté de Droit de l’Université de Kinshasa
Editorial
Parmi les notions encore discutées en doctrine, mais également dans le monde extra académique, l’État de droit en fait partie. Plusieurs réflexions lui ont été consacrées, sans que l’on soit parvenu à lui trouver un contenu partagé pour une application commune.
Loin de constituer un domaine réservé aux seuls juristes, la notion a fini par captiver d’autres spécialités, mais cette attirance n’a pas permis de se faire une idée partagée sur un concept prêt à controverse. Pour chaque pays, en effet, l’édification de l’État de droit n’échappe pas à une qualification singulière.
À l’origine, la notion a vocation à garantir la justice, l’équité, le respect de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle ne découle pas d’une construction originale ; le monde dans lequel se déploie le concept restant ouvert à la discussion.
Editorial
Historiquement appréhendée, la notion fit ses premières apparitions au courant de la deuxième moitié du 18ièmesiècle. Elle devint, avec le constitutionnalisme, au cœur des réflexions sur les réformes en cours ou à venir, mais la maitrise a révélé plus de complexité que la simple évocation.
Dans la pensée juridique, en revanche, deux perceptions ont pu nourrir la réflexion. La première est de construction allemande et conteste à l’État, entité juridique, l’étiquette de droit, à moins de s’autoriser un double emploi ou une redondance.
Bâti autour de la loi, expression de la volonté populaire, l’État de droit ne se prive pas de reconnaitre la Constitution comme norme de référence de dévolution et d’exercice du pouvoir. Il prend en compte la promotion et la protection législatives des droits de l’Homme et des libertés publiques.